maman et sa fille qui font un selfie pour les réseaux sociaux - shareting

Sharenting : partager les photos de vos enfants en ligne est très risqué

Publier la bouille de son enfant sur Instagram ou WhatsApp est devenu un réflexe pour de nombreux parents. Un moment mignon, trois stories, et hop : souvenirs sauvegardés, famille comblée. Mais à quel prix ?

On a un mot pour ça : le “sharenting” (share + parenting). Et une question à se poser à chaque post : est-ce que cette image protège mon enfant — aujourd’hui et demain ?

Les vrais risques du sharenting (sans dramatiser, mais sans naïveté)

  • Cyberharcèlement : une photo gênante aujourd’hui peut devenir une munition pour du harcèlement scolaire demain.
  • IA générative : deepfakes, “nudification”, montages. Les outils sont accessibles et peuvent transformer une photo anodine en contenu compromettant — avec des effets en ligne et hors ligne (chantage, harcèlement, rumeurs).
  • Recyclage malveillant : des photos “innocentes” issues de comptes familiaux se retrouvent parfois (souvent) sur des espaces pédocriminels. Voir ce documentaire sur Instagram
  • Vie privée : ce que vos images « disent » vraiment est souvent très personnelle. Nom de l’école ou de l’arrêt de bus derrière, les habitudes de la famille, et les métadonnées qui trahissent votre localisation précise.

Check-list pour les parents : publier sans s’exposer !

53 % des parents français ont déjà partagé du contenu concernant leur(s) enfant(s) sur les réseaux sociaux (OPEN-POTLOC, 2023).

Avant de poster : le test en 5 questions
  1. Est-ce intime ? (bain, tenue légère, blessure, pleurs, sanction) → Ne publiez pas.
  2. Est-ce identifiable ? (visage, nom, uniforme, adresse, plaque) → Masquez/recadrez/floutez.
  3. Qui va voir ? Audience restreinte uniquement.
  4. Mon enfant est-il d’accord ? (selon âge/maturité) → Si non ou incertitude, abstenez-vous.
  5. L’autre parent est-il d’accord ? → Priorité à la cohérence parentale.
Consentement : comment en parler avec son enfant (selon l’âge)
  • 3–6 ans : “Cette photo, c’est pour la famille. Tu veux qu’on la garde pour nous ?” (montrez l’option “privé”).
  • 7–10 ans : expliquez la diffusion (“les amis de nos amis peuvent voir”). Proposez de choisir la photo ensemble.
  • 11–15 ans : co-décision : droit de veto total. Parlez empreinte numérique et trace.
  • >15 ans : traitez-le comme un co-auteur de son image. Documentez les règles familiales (charte maison).

Règle d’or : un “non” d’un enfant vaut non.

Questions qu’on me pose souvent

“Et les photos d’école ?”

Évitez de publier des photos de groupe. Si l’établissement partage, vérifiez le cadre légal et la diffusion (intranet vs réseaux sociaux).

“Stories 24 h, c’est ok ?”

Ça s’enregistre, ça se télécharge, ça se re-partage. Éphémère ≠ sans risque.

“Et si un proche poste quand même ?”

Demandez la suppression poliment, puis formellement. Conservez des captures. Si besoin, signalez la publication via l’outil de la plateforme.

Partager la vie de ses enfants n’est pas anodin. Entre l’empreinte numérique, la réutilisation des contenus et l’IA, la prudence n’est pas de la paranoïa : c’est de la parentalité numérique responsable.

Publiez moins, ciblez mieux, protégez plus. Et si le doute s’invite… ne publiez pas.

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